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Translated by Rabbi Émile Ackermann
La métaphore classique pour décrire l’Amérique était autrefois celle du “melting-pot”.
Les immigrants venaient de différents pays, avec leur cultures, leur milieu et leur langue. En arrivant aux Etats-Unis, et s’acculturaient et s’américanisaient pour former un tout homogène.
Désormais, on préfère une métaphore différente pour désigner cette réalité : le bol à salade. Ce qui rend une salade plaisante et savoureuse, c’est sa combinaison d’ingrédients différents, chacun conservant sa spécificité. Il y a des concombres, des tomates, de la laitue et des oignons, et ces saveurs différentes se mélangent et s’intègrent sans perdre leur particularité, créant ainsi un ensemble encore plus harmonieux.
En quoi ce changement concerne-t-il les lecteurs de la Parashat Noah’ ?
Dans la paracha de cette semaine, nous relisons l’histoire de la Tour de Babel. Dans cette histoire, on ne sait pas exactement en quoi consiste la transgression des humains. Essayaient-ils de conquérir les cieux, comme le comprennent certains commentateurs ?
Le texte littéral semble indiquer que cette faute est aisément identifiable. Le texte laisse entendre que les gens ont péché en voulant s’enraciner et former un seul peuple, s’opposant au projet divin. Comme le suggèrent les versets précédents, ce projet divin impliquerait que les gens se dispersent sur toute la surface de la terre. Idéalement, les gens, leurs enfants et les enfants de leurs enfants devraient développer leur propre culture et leur propre langue. Cependant, dans le récit de la Tour de Babel, le texte affirme que l’humanité avait une seule langue. Ils se sont dit les uns aux autres : “Construisons un édifice”, ils avaient un message unique. Tout le monde était d’accord. Tout le monde disait exactement la même chose.
Dans l’histoire, Dieu réagit en disant : “C’est très dangereux”, car désormais les gens peuvent faire ce qu’ils veulent.
Qu’est-ce que cela signifie ?
D’une part, ce danger pourrait se manifester sous la forme d’un leader populiste qui dirigerait un groupe de personnes partageant une seule façon de penser et une seule langue. Si ce groupe de personnes ne tolère aucune voix discordante, la situation peut conduire à un terrible cataclysme. Songeons à Adolf Hitler, yimach shemo (que son nom soit effacé) en Allemagne nazie. Une autre conséquence grave de la pensée unique est qu’elle conduit également à une perte de la richesse potentielle du monde. Dieu veut qu’il y ait de multiples langues, de multiples cultures et de multiples rituels. C’est par la volonté divine que le monde contient des peuples différents, dont émanent plusieurs visions du monde. Dans la vision divine du monde, toutes ces perspectives se rassemblent dans un même bol à salade. Nous sommes divers, et cependant unis.
C’est là la différence entre l’unité et l’uniformité. Nous voulons l’unité. Nous ne voulons pas faire la guerre à d’autres nations, mais nous ne voulons pas l’uniformité. Nous voulons la richesse qui vient des différentes cultures, de leurs arts, de leurs sciences, de leurs manières de parler, de leurs perspectives sur le monde. En réalité c’est cela, la vision divine.
Je pense que la leçon de Babel est d’une importance cruciale pour notre façon de penser le monde et les autres. Plutôt que d’investir dans une communauté homogène, que cela soit dans nos synagogues ou dans nos cercles d’amis, nous devrions plutôt considérer la valeur de construire une communauté avec des membres de milieux et cultures différents et distincts, afin que nous puissions cultiver à la fois la diversité et l’unité.
Shabbat Shalom.